Parcours multi-média en 7 tableaux Carrière at Saint Maximin (Oise) Décors sonores installation : Gauthier Keyaerts
Acteurs : France Degriessen, Chloé Charles, Malory Crémer
Régie générale : Eric Michaux
Attachée de production et coordination : Laurène Levif
Conseiller artistique : Philippe Franck
Production :Transcultures, Conseil général de l’Oise & La Maison de la Pierre.
Le Ventre du monstre
2010 / Installation / Immersif
Plongée par paliers successifs dans l’imaginaire des mondes sous-terrains.
Le Ventre du monstre, dans la carrière de pierre de Saint-Maximin, à l’occasion des journées européennes du Patrimoine, dans l’Oise, en 2010, est une plongée dans l’imaginaire des mondes souterrains à travers sa fantasmatique (titans, méduses, enfers…). Le projet se déclinait en sept tableaux, s’enfonçant de plus en plus profondément dans la carrière de pierre de Saint-Maximin, en commençant avec des images aquatiques – les trois premiers tableaux avec des sirènes, des Medusas,une évocation de L’Enfer de Dante avec des jambes en algues sous-marines, rappelant aussi que la roche est née des sédiments marins. Ensuite, on a une évocation du premier signe, où j’ai abordé une nouvelle technique de dessin sur la pierre. J’appelle ça « l’enfance des signes », évoquant les premiers signes graphiques des cavernes mais aussi de l’imaginaire enfantin. Après, on trouve un titan qui nous offre sa tête, espèce de condensation de Medusa et de Saint-Sébastien, et une femme en méditation, sorte de déesse ; tous deux flottent sur la voûte céleste. On entre alors dans un tableau plus sanglant, hommage aux carriers qui ont laissé leur vie dans la carrière où la pierre se teinte virtuellement de rouge. Dans le dernier tableau intitulé L’Enfer, le Diable et le Trou, une femme dort paisiblement et se réveille dans un cri, comme si elle avait expérimenté la terreur des profondeurs, puis se rendort, en une boucle sans fin. On peut y voir une réadaptation contemporaine de l’imaginaire lié à la damnation dans les flammes de l’enfer. J’opère tout le temps de tels glissements entre l’inconscient collectif, les mythes, mon inconscient personnel, la naissance du signe chez l’Homme, et chez l’homme avec un petit h aussi. Chez moi, il n’y apas de ligne de démarcation claire entre le mythologique et le personnel, le conscient et l’inconscient. Le mythologique est universel; c’est un outil, un langage qui nous permet d’exprimer encore aujourd’hui des sentiments universels. J’utilise ces figures, ces histoires, comme des mots, des signes, que je combine pour raconter ma propre histoire. Je ne me positionne pas dans une œuvre référentielle, anthologique, mais je me sers de ces éléments forts, chargés, auxquels les gens peuvent se raccrocher pour les ramener à un discours qui, je l’espère, les touchera. Les mythes, pour moi, sont des phrases dont on peut permuter les mots pour obtenir d’autres signifiants. Lévi- Strauss, dans son Anthropologie structurale, parle de « mythèmes », des archétypes fondamentaux, unités signifiantes, relations fondatrices, à partir desquels tout mythe se construit. Plus simplement, on peut parler d’ingrédients que l’on peut cuisiner de différentes manières pour en retirer des saveurs nouvelles. Si mon objectif n’est pas de faire œuvre « mythologique », j’essaie par contre d’effleurer ou de réveiller chez mes contemporains ce tréfonds essentiel dont parlent les mythes, cette base symbolique qui nous constitue encore aujourd’hui.