Dermus Flusser

2017  / Performance / Interactive / Installation

SESC Ipiranga, Sao Paulo, Bresil. Curation: Hugo Cabral Carneiro

Construire une image / détruire un mur

Dermus FLusser est une nouvelle performance issue de Derme (Musée Juif de Bruxelles 2016) et basée sur le travail du philosopheVilém Flusser qui le premier a théoriser notre civilisation de l’image technique dans les années 80’.

Un mur de 5,5m de large sur 2m de haut a été construit dans le jardin du SESC Ipiranga à Sao Paulo, à coté de l’exposition dédiée au Philosophe. Mur noir d’un coté, blanc de l’autre.
Au couché du soleil, une silhouette noir s’approche du coté noir du mur et l’attaque à coup de marteau et de burin, comme un sculpteur ou un vandale. Il révèle petit à petit des fragment d’une images “enfuie” dans le mur.
L’image est en fait projetée dans les trous faits dans le mur par l’artiste, grâce à une technique de mapping interactif live, fonctionnant grâce à un projecteur vidéo, une camera infra-rouge et un software créé par l’artiste.
L’image se construit dans une narration de coup de marteaux: une tête, une main, un morceau de slogan, un appareil photo pointé, un poing levé, un smartphone.
La photographie, tirée de l’histoire récente et dramatique du Bresil, est une image de presse prise au parlement brésilien dans le tumult de la procédure d’impeachement de la présidente Dilma Rousseff.  Scène shakespearienne, ou la moitié des acteurs sont, pour reprendre les thermes de Flusser, des « functionnaries » (“people who stand within the communicative process ») brandissant autant d’ “apparatus”  (ici, caméras ou smartphones, servant à enregistrer une image technique) l’autre moitié agissant ou subissant la situation dans un mélange de joie et de crainte.

Au verso, sur le mur blanc, s’efface en boucle et en négatif les images révélées du coté noir, en surimpressions apparaissent des extraits choisis de « Vers une Philosophie de la Photographie » de Vilém Flusser ainsi que quelques citations extraites d’interviews du philosophe.

L’oeuvre se développe dans une tension entre la tentative violente de l’artiste de conférer une narration à l’image, grâce à sont dévoilement lent et dramatique – alors que Flusser insiste sur le coté post-historique, non-linéaire et magique de l’image technique, l’opposant à la construction linéaire, cartésien, politique et historique du texte imprimé – et la réalité fragmentée  et donc d’autant plus incompréhensible de l’image produite, la confinant dans un statut magique, dramatique, a-politique, post-historique.

Après la performance l’oeuvre reste sous forme d’installation.